Séminaire – Phénoménologie et idéalisme transcendantal, Neuvième séance

Phénoménologie et idéalisme transcendantal, Neuvième séance : samedi 4 juin 2022, 13h30-16h30

Cher.e.s ami.e.s, 
Cher.e.s collègues,

Nous avons le plaisir de vous relayer l’information suivante : 

Phénoménologie et idéalisme transcendantal

Séminaire de doctorants et de jeunes chercheurs en phénoménologie 

(octobre 2021 – juin 2022)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
https://philosophie.pantheonsorbonne.fr/evenements/phenomenologie-et-idealisme-transcendantal

Organisation :
Luz Ascarate
Circé Furtwängler
Quentin Gailhac

Neuvième séance : samedi 4 juin 2022, 13h30-16h30
Salle 16, Centre Panthéon (sous-sol, 12 place du Panthéon, 75005 Paris)
 
Pour assister au séminaire en présentiel, merci de vous inscrire via le lien suivant, avant le mercredi 1er juin :

https://evento.univ-paris1.fr/survey/seminaire-de-doctorants-et-de-jeunes-chercheurs-en-phenomenologie-neuvieme-seance-lzvf3888

Pour suivre le séminaire à distance via Zoom, merci de vous inscrire à l’adresse mail suivante :
doctorants.phenomenologie@gmail.com


Présentations de :

Michaël Crevoisier (Université de Franche-Comté)
« La modification sartrienne du transcendantal. Sortir de l’idéalisme pour décrire l’existence concrète »
 
Zixuan Liu (Université Sun-Yat-Sen)
« What Should be the Husserlian Transcendentalism? On the Metaontological Status of Meaning and the Unique Metaontological Role of the Intending Experience »

Renaud Mallet (Université de Lyon 3)
« L’enjeu anthropologique de la critique henryenne de l’idéalisme transcendantal »

Résumés des présentations :

« La modification sartrienne du transcendantal. Sortir de l’idéalisme pour décrire l’existence concrète »
Nous proposons de montrer qu’un des intérêts phénoménologiques de l’œuvre de Jean-Paul Sartre est de proposer une critique et une sortie de l’idéalisme transcendantal qui n’implique pas un abandon du transcendantal mais une modification de son sens husserlien. Cette critique de l’idéalisme est rendue possible par la découverte d’un nouveau type d’expérience : la conscience irréfléchie, c’est-à-dire non positionnelle de soi, consistant dans la révélation du mondain indépendamment de toute structure égoïque. Ainsi, le problème de la connaissance n’est plus celui de la réduction du monde à un contenu de conscience ou aux conditions a priori de possibilité de sa constitution, mais consiste à comprendre ce que doit être la conscience pour que le fait d’être conscience implique la présence du monde. Le mondain s’oppose toujours au transcendantal, mais il ne s’agit plus de régresser du premier vers le second, ou de reconstruire le premier à partir du second. Chez Sartre, le transcendantal est évidé, il ne désigne plus que la spontanéité pure de la manière d’être conscient de ce qui apparaît. Par conséquent, l’enjeu n’est plus d’analyser le transcendantal, mais au contraire de décrire la réalité de l’existence concrète de l’homme, de telle sorte que seul le fait d’affirmer que doit exister une conscience pure puisse rendre raison de la description.
En suivant la manière dont Sartre répond à ce nouvel enjeu, nous mettrons l’accent sur deux modifications de la phénoménologie husserlienne : 1) le fondement de la connaissance ne se trouve plus dans la transcendance d’un ego pur, mais dans l’immanence du simple fait d’être conscient ; 2) les conditions de possibilité de l’expérience ne sont plus d’ordre eidétiques, mais ontologique, ce qui suppose de justifier une déconnexion entre l’être et le phénomène sans retomber dans un réalisme empirique. De ces deux modifications nous montrerons qu’il est possible de déduire une phénoménologie transcendantale qui tend à ne plus être idéaliste. Nous conclurons en explicitant la raison de cette « tendance » : la dynamique de l’œuvre sartrienne consiste à avancer continument en direction de l’existence concrète au risque du réalisme, tout en tenant la distinction entre le transcendantal et le mondain grâce à l’expérience de la conscience irréfléchie.

Michaël Crevoisier (Université de Franche-Comté)

« What Should be the Husserlian Transcendentalism? On the Metaontological Status of Meaning and the Unique Metaontological Role of the Intending Experience »
One ought to clarify ‘what transcends what’ in Husserl if his usage of ‘transcendental’ is legitimate. A straightforward answer is that the subjectivity ‘transcends’ the world because it is not reducible to an entity within the world, but constitutes the latter. Why is this the case? I argue that it derives from the metaontological status of meaning and the unique metaontological role of the intending experience: Every entity obtains its meaning either in an intentional correlation to some possible experience or because it is the very experience. The obtained meaning is metaontological in the sense that it is not yet an entity but what characterizes an entity as such an entity. The role played by the intending experience in the meaning-obtaining is irreplaceable by any other entities. I would argue that the metaontological status of meaning is the best explanation for the pre-reflective role of the ‘as such’ and the non-eidetic ideality of categorical forms.
The first argument comes from the paradox that meaning (das Vermeinte als solches) becomes an entity in reflection, but pre-reflectively, where the meaning functions originally, we do not have a second object. Nor is the meaning a part of the experience or a concept, because its ideality is non- eidetic. The best explanation for this ideality is the metaontological status.
The ideality of categorical forms like ‘is’ ‘and’ comes from the fact that they make explicit the implicit congruence (Deckung). But congruence does not take place between entities, but between their meanings. The metaontological status is also its best explanation.
The metaontological status of meaning has important implications. It would renew our understanding of constitution, intention, the necessity of reduction, and why the hard problem of consciousness is so hard.

Zixuan Liu (Université Sun-Yat-Sen)

« L’enjeu anthropologique de la critique henryenne de l’idéalisme transcendantal »
La critique henryenne de l’idéalisme transcendantal a ceci de déroutant que sa charge porte sur le caractère idéaliste de la philosophie critiquée en laissant indemne son motif transcendantal, et même en l’exacerbant. A la conscience transcendantale, elle vient opposer une structure transcendantale plus originaire : la subjectivité pure de la vie phénoménologique absolue.Nous souhaitons aborder cette critique radicale sous l’angle de la question de l’homme. Pour deux raisons principales : 1) à plusieurs reprises Henry présente cette question comme cela même qui a motivé sa critique : à l’approche idéaliste abstraite de notre être assimilé à un sujet pensant, il cherche à substituer une approche plus réaliste capable de dire concrètement notre existence humaine, notre « vie réelle » ; 2) cette approche, en proposant une définition non idéaliste mais encore transcendantale de notre humanitas, soit de notre essence propre, cherche à hisser la philosophie à la hauteur de la tâche que Henry lui assigne dans La Barbarie : être en mesure de « fonder un véritable humanisme ».
Pour mettre pleinement en évidence cet enjeu indissociablement anthropologique et éthique, nous analyserons progressivement les catégories fondamentales définissant la vie transcendantale à partir de laquelle Henry entend proposer une compréhension non idéaliste de notre humanité, à savoir l’invisibilité, la phénoménalité, l’affectivité. Nous tâcherons de montrer 1) que la perspective henryenne offre à la définition de l’homme, en lieu et place de l’idéalisme transcendantal, le cadre ontologique atypique de ce que l’on pourrait appeler un réalisme transcendantal, 2) qu’au sein de ce cadre peut venir prendre place un humanisme non moins atypique qui s’oppose à l’humanisme classique sans pour autant emprunter d’aucune manière la voie d’un anti-humanisme, et que l’on pourrait qualifier d’archi-humanisme, 3) que ce réalisme humaniste ou cet humanisme réaliste trouve alors son fondement dans « un nouveau concept de l’esprit ». Et nous pourrons alors pointer en conclusion à la fois l’intérêt théorique de cette perspective critique relativement à la connexion de la philosophie et de l’anthropologie mais aussi ses limites et les conditions éventuelles de leur dépassement. 

Renaud Mallet (Université de Lyon 3)