Le passé qui vient. Essai sur la philosophie politique de Jean-Paul Sartre

Peut-on cerner une véritable philosophie politique sartrienne ? Si la question reste encore aujourd’hui controversée, cet ouvrage s’efforce d’y apporter une réponse affirmative. Son défi est double : d’une part, montrer l’importance de la réflexion sartrienne pour mener une critique des concepts politiques modernes (volonté individuelle, contrat, souveraineté, représentation) ; d’autre part, mettre à l’épreuve sa conception du lien social comme « lien de réciprocité ». Pour saisir la portée de la pensée politique sartrienne (souvent aplatie sur le temps événementiel de l’insurrection), Chiara Collamati accomplit un geste herméneutique original, qui consiste à interroger les paradigmes à travers lesquels Sartre pense la temporalité : non seulement la dialectique du temps historique d’inspiration marxienne, mais aussi la théorie de l’historicité élaborée dans L’être et le néant. À l’encontre des lectures lui reprochant son incapacité à élaborer une théorie de la durée (aussi bien philosophique que politique), le livre montre à quel point Sartre peut devenir une ressource pour penser les problèmes au centre de la philosophie politique contemporaine, à commencer par celui de l’institution.